Littérature

Définition

Joshua J. Mark
par , traduit par Caroline Martin
publié sur 02 septembre 2009
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Disponible dans d'autres langues: Anglais, Espagnol
The Epic of Gilgamesh (by N/A, CC BY-SA)
L'Épopée de Gilgamesh
N/A (CC BY-SA)

La littérature (du latin Littera signifiant « lettres » et faisant référence à la connaissance de l'écrit) est l'œuvre écrite d'une culture, d'une sous-culture, d'une religion, d'une philosophie spécifique ou l'étude d'une telle œuvre écrite qui peut apparaître en poésie ou en prose. En Occident, la littérature est née dans la région de Sumer, en Mésopotamie méridionale (vers 3200 av. JC), dans la ville d'Uruk, et elle s'est épanouie en Égypte, puis en Grèce (l'écriture y ayant été importée des Phéniciens) et de là, à Rome. L'écriture semble être née indépendamment en Chine, à partir de pratiques de divination, et également indépendamment en Méso-Amérique et ailleurs.

Le premier auteur de littérature au monde, connu par son nom, est la grande prêtresse d'Ur, Enheduanna (2285-2250 av. JC) qui a écrit des hymnes à la gloire de la déesse sumérienne Inanna. Une grande partie de la littérature ancienne de Mésopotamie concerne les activités des dieux mais, avec le temps, les humains sont devenus les personnages principaux de poèmes tels que Enmerkar et le seigneur d'Aratta et Lugalbanda et le mont Hurrum (vers 2600-2000 av. JC). Pour les besoins de l'étude, la littérature est aujourd'hui divisée en deux catégories : la fiction et la non-fiction, mais il s'agit souvent de décisions arbitraires, car la littérature ancienne, telle qu'elle était comprise par ceux qui l'ont écrite, ainsi que par ceux qui l'ont entendue parlée ou chantée avant l'alphabétisation, n'était pas comprise de la même manière que de nos jours.

La vérité dans la littérature

Les odes fulgurantes d'Homère à la grandeur de la flotte grecque en route pour Troie ou le voyage d'Ulysse sur la mer de vin noire étaient aussi réelles pour les auditeurs que ses descriptions de la magicienne Circé, du cyclope Polyphème ou des sirènes. Ces récits, que l'on considère aujourd'hui comme des mythes, étaient alors considérés comme aussi vrais et sacrés que les écrits contenus dans la Bible judéo-chrétienne ou le Coran musulman le sont pour les croyants. Les désignations telles que « fiction » et « non-fiction » sont des étiquettes assez récentes appliquées aux œuvres écrites. L'esprit ancien comprenait que, bien souvent, la vérité pouvait être appréhendée à travers une fable sur un renard et des raisins inatteignables. La préoccupation moderne concernant la vérité d'une histoire n'aurait pas concerné quiconque écoutait l'un des contes d'Ésope ; ce qui importait était ce que l'histoire essayait de transmettre.

L'UNE DES PLUS ANCIENNES ŒUVRES LITTÉRAIRES CONNUES EST L'ÉPOPÉE DE GILGAMESH, SUMÉRO-BABYLONIENNE, DATANT D'ENVIRON 2150 AV. JC.

Même ainsi, on accordait de l'importance à l'exactitude dans l'enregistrement des événements réels (comme le montre la critique ancienne des récits de l'historien Hérodote). Les premières œuvres littéraires avaient généralement une approche didactique et un objectif religieux sous-jacent (ou souvent manifeste), comme dans l'œuvre sumérienne Enuma Elish de 1120 av. JC ou Théogonie de l'écrivain grec Hésiode du 8e siècle av. JC.

L'une des plus anciennes œuvres littéraires connues est l'Épopée de Gilgamesh, suméro-babylonienne, datant d'environ 2150 av. JC, qui aborde les thèmes de l'héroïsme, de la fierté, de la nationalité, de l'amitié, de la déception, de la mort et de la quête de la vie éternelle. Pour l'auteur et l'auditeur, il importait peu que ce qui se passait dans le récit de Gilgamesh se soit réellement produit. Ce qui importait, c'était ce que le public était capable de retirer du conte.

Le meilleur exemple de ce phénomène est un genre connu sous le nom de « Littérature de Naru » mésopotamienne, dans lequel des personnages historiques apparaissent dans des intrigues fictives. Les œuvres les plus connues de ce genre sont La malédiction d'Akkad et La légende de Cutha, qui mettent toutes deux en scène le grand roi akkadien Naram-Sin (r. 2261-2224 av. JC), petit-fils de Sargon d'Akkad (r. 2334-2279 avant J.-C., père d'Enheduanna). Dans ces deux ouvrages, Naram-Sin se comporte d'une manière qui est contredite par des preuves physiques et d'autres écrits plus factuels. L'objectif de la littérature de Naru n'est cependant pas de raconter ce qui s'est « réellement » passé, mais de souligner un point moral, culturel et religieux.

Exemples de littérature ancienne

Les textes des pyramides d'Égypte, également considérés comme de la littérature, racontent le voyage de l'âme vers l'au-delà dans le champ des roseaux et ces œuvres, contrairement à la littérature de Naru mésopotamienne, présentent le sujet comme une vérité. La culture religieuse égyptienne était fondée sur la réalité d'une vie après la mort et sur le rôle joué par les dieux dans le voyage éternel d'une personne, dont la vie sur terre n'était qu'une partie. L'Iliade d'Homère raconte la fameuse guerre de dix ans entre les Grecs et les Troyens, tandis que l'Odyssée relate le retour du grand héros Ulysse chez lui après la guerre, auprès de sa femme bien-aimée Pénélope d'Ithaque. Cette œuvre, comme les autres mentionnées, renforce les valeurs culturelles sans se soucier de ce qui a pu se passer ou non concernant la guerre avec Troie.

L'histoire racontée dans le livre de l'Exode biblique (1446 av. JC) est considérée comme une vérité historique par beaucoup aujourd'hui, mais à l'origine, elle aurait pu être interprétée comme une libération de l'esclavage dans un sens spirituel, car elle a été écrite pour donner du pouvoir aux adorateurs de Yahvé, les encourager à résister aux tentations des peuples indigènes de Canaan et élever la perception du public en tant que peuple élu d'un dieu tout-puissant.

Le Cantique des cantiques (vers 950 av. JC), tiré des écritures hébraïques du Tanakh, immortalise l'amour passionné entre un homme et une femme (interprété par des chrétiens, bien plus tard, comme la relation entre le Christ et l'Église, bien qu'une telle interprétation ne soit pas soutenue par le texte original) et l'aspect sacré d'une telle relation. L'épopée indienne Mahabharata (vers 800-400 av. JC) relate la naissance d'une nation, tandis que Ramayana (vers 200 av. JC) raconte le sauvetage par le grand Rama de sa femme Sita, enlevée par le maléfique Ravna. Les ouvrages trouvés dans la bibliothèque du roi assyrien Asurbanipal (647-627 av. JC) relatent les actes héroïques des dieux et des déesses, ainsi que les luttes et les triomphes des rois héroïques de l'ancienne Mésopotamie, comme Enmerkar, Lugalbanda et Gilgamesh. L'assyriologne Samuel Noah Kramer souligne que les premières œuvres sumériennes - et, en fait, la culture sumérienne dans son ensemble - trouvent un écho dans les temps modernes à de nombreux niveaux et sont particulièrement apparentes dans la littérature. Kramer écrit :

Elle est encore apparente dans une loi mosaïque et un proverbe salomonien, dans les larmes de Job et une complainte de Jérusalem, dans le triste récit de l'homme-dieu mourant, dans une cosmogonie hésiodique et un mythe hindou, dans une fable ésopique et un théorème euclidien, dans un signe zodiacal et un dessin héraldique. (5)

L'originalité dans la littérature antique

La plupart des œuvres anciennes étaient écrites dans le mètre poétique que l'auteur avait entendu répéter au fil du temps et, par conséquent, la datation de pièces telles que Enuma Elish ou l'Odyssée est difficile dans la mesure où elles ont finalement été consignées par écrit de nombreuses années après leur composition orale. La grande valeur que les lecteurs et les critiques d'aujourd'hui accordent à « l'originalité » en littérature était inconnue des anciens. L'idée même d'accorder un quelconque respect à une œuvre issue de l'imagination d'un individu n'aurait jamais effleuré l'esprit de quiconque dans le monde antique. Les histoires étaient des récits des exploits des grands héros, des dieux, des déesses ou de la création, comme chez Hésiode et Homère.

Le respect pour ce que l'on appellerait aujourd'hui « non-fiction » était si grand que Geoffrey de Monmouth (1100-1155) affirmait que sa célèbre Histoire des rois de Bretagne (qu'il avait en grande partie inventée) était en fait une traduction d'un texte antérieur qu'il avait « découvert » et que Sir Thomas Malory (1405-1471), célèbre auteur de Le Morte d'Arthur, niait toute contribution originale à l'œuvre qu'il avait compilée à partir d'auteurs antérieurs, même s'il est clair aujourd'hui qu'il a beaucoup ajouté au matériel source dont il s'est inspiré.

Cette tradition littéraire consistant à attribuer une œuvre originale à des sources antérieures, apparemment autorisées, est illustrée de manière célèbre dans les évangiles du Nouveau Testament chrétien. En effet, les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, considérés par de nombreux croyants comme des récits de témoins oculaires du ministère de Jésus, ont été écrits beaucoup plus tard par des auteurs inconnus qui ont choisi des noms associés à l'Église primitive.

La littérature englobe des formes telles que la poésie, le théâtre, la prose, le folklore, le récit épique, le récit personnel, la poésie, l'histoire, la biographie, la satire, les dialogues philosophiques, les essais, les légendes et les mythes, entre autres. Dialogues de Platon, bien qu'ils ne soient pas les premiers à combiner des thèmes philosophiques avec une forme dramatique, ont été les premiers à mettre le théâtre au service de la recherche philosophique. Les auteurs ultérieurs se sont inspirés de ces œuvres antérieures (comme l'a fait Virgile en composant Énéide, basé sur l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, entre 30 et 18 av. JC) et cette tradition d'emprunt a duré jusqu'à l'époque de Shakespeare (1564-1616) et se poursuit aujourd'hui.

À propos du traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

A propos de l'auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

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Mark, J. J. (2009, septembre 02). Littérature [Literature]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-562/litterature/

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Mark, Joshua J.. "Littérature." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. Dernière modification septembre 02, 2009. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-562/litterature/.

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Mark, Joshua J.. "Littérature." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 02 sept. 2009. Web. 27 avril 2024.

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